- Que pensez-vous des hostilités en cours au Haut-Karabagh?
- Dans les conflits territoriaux internationaux, l'initiative appartient généralement à la partie qui cherche à reprendre ses territoires. Pour être honnête, je ne me souviens d’aucun cas où une partie qui contrôle ce territoire aurait pris l’initiative.
Une partie peut souhaiter le retour du territoire qu'elle considère comme le sien. Mais dans une telle situation, seul l'Etat, représenté par sa direction politique, peut proposer une telle initiative. Si je comprends bien, les dirigeants politiques de l'Azerbaïdjan ont fait exactement cela.
Il est clair que le Haut-Karabagh et le "couloir de Lachin" le reliant à l'Arménie sont le territoire souverain internationalement reconnu de l'Azerbaïdjan. Chaque État a le droit et même une obligation directe d'qssurer la libération de ses territoires occupés. Cependant, tous les États n'ont pas recours à la guerre pour cela. Je ne sais pas pourquoi la direction politique de l'Azerbaïdjan a décidé de le lancer maintenant. Il existe de nombreuses hypothèses sur ce point qu'aucun des observateurs extérieurs ne peut ni confirmer ni nier.
- La Russie suit de près la guerre, mais n'intervient pas. A votre avis, Moscou prendra-t-elle une initiative dans ce conflit? Quel rôle pourrait jouer Moscou?
- Il me semble que cette guerre a pris la Russie par surprise. Pour cette raison, il est toujours limité aux déclarations rituelles, telles que «les gars, vivons ensemble». Dans cette situation, toutes les tierces parties intéressées tentent généralement de parvenir à un cessez-le-feu avec ou sans le retrait des forces des parties au conflit sur leurs positions initiales. Peut-être que la Russie fait déjà de telles tentatives, mais nous ne savons toujours pas à ce sujet. Pour être honnête, la Russie n'est pas dans les meilleures conditions politiques pour jouer un rôle clé dans la résolution du conflit.
- Quel sera le sort de Pashinyan si l'Azerbaïdjan parvient à restaurer son intégrité territoriale?
- Qu'est-ce qui est considéré comme une victoire dans cette situation? Tout le monde devrait probablement y penser. Après tout, le succès militaire ne se traduit pas toujours par un succès politique. Et la question du sort de Pashinyan est loin d'être sans ambiguïté. Si je ne me trompe pas, il est le premier dirigeant arménien à être nommé à son poste non par l'«establishment», mais par la rue. Le gouvernement russe traite ces dirigeants non systémiques avec une grande méfiance. Et il ne regrettera guère son départ. De plus, dans les conditions actuelles, il sera très probablement remplacé par un autre partisan du parti «guerre du Karabagh».
- Dans les médias sociaux, des gens condamnent la Russie de ne pas aider son allié. Que pensez-vous de ceci?
- Tant que les hostilités sont menées uniquement sur le territoire de l'Azerbaïdjan, la Russie n'a même pas de base légale pour fournir une assistance militaire ou autre à l'Arménie. De plus, la Russie apprécie ses relations avec les deux pays.
